Le sapeurisme est un mouvement de mode relativement récent qui a vu les capitales congolaises Brazzaville et Kinshasa s'habiller de costumes sur-stylisés et colorés. Vie-africaine étudie cette tendance audacieuse et ses liens avec le dandysme des XVIIIe et XIXe siècles en France.
La République du Congo et son voisin la République démocratique du Congo n'ont pas toujours été associés aux dernières tendances de la mode internationale. Cependant, au cours de la dernière décennie, les habitants de Brazzaville et de Kinshasa se sont forgé une réputation de couturiers parmi les plus pointus, grâce au mouvement de sous-culture du sapeurisme.
Le mot sapeur vient de l'acronyme français "SAPE", abréviation de "Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes", et le terme fait référence aux hommes congolais qui sont fiers de s'habiller avec des vêtements élégants et colorés. L'esthétique est défiée par des costumes suave, des cravates de soie, des chapeaux melons et parfois même des monocles, en prenant exemple sur les vêtements dandysques portés dans les salons français des années 1920, et en actualisant le look avec des couleurs et des motifs audacieux qui caractérisent les styles "Liputa" traditionnels de la République démocratique du Congo. Contrairement à de nombreuses tendances de la mode où seuls les riches peuvent se permettre de se tenir au courant, le sapeurisme est associé aux hommes de la classe moyenne qui travaillent dur et sont heureux d'économiser leurs francs bien mérités pour s'offrir ces tenues coûteuses.
Cette sous-culture est fortement influencée par le dandysme des XVIIIe et XIXe siècles, qui a vu de nombreux hommes des classes moyennes britanniques et françaises accorder une attention particulière à leur tenue vestimentaire, à leur posture et à leur langage dans une tentative d'apparaître comme appartenant à une classe supérieure. Bien que cela puisse paraître un peu superficiel rétrospectivement, à l'époque, beaucoup y voyaient un signe de prise en main de leur destin, et c'est ce sens qui semble résonner chez les Congolais.
Le sapeurisme se concentre sur la créativité et l'individu, et vise à apporter de la joie et du plaisir aux communautés. La vue de ces tenues aux couleurs lumineuses contribue également à donner de l'espoir à de nombreux habitants, comme l'a dit un Sapeur à Tom Downey du Wall Street Journal : "Les Sapeurs ne peuvent exister qu'en temps de paix. [...] Pour moi, ils sont le signe de choses meilleures : la stabilité, la tranquillité. Ils indiquent que notre nation revient à une vie normale après des années de guerre civile."
Si certains ne sont pas convaincus à 100 % par les raisons humanitaires qui se cachent derrière ce style, personne ne peut nier l'art qui se cache derrière le sapeurisme. À Brazzaville comme à Kinshasa, ces hommes impeccablement habillés marchent comme s'ils étaient des œuvres d'art. Le dandysme congolais est axé sur le style, la composition des couleurs et l'attitude, et ces facteurs sont tout aussi importants que les marques portées.
La sous-culture est également définie par des règles spécifiques concernant l'exclusivité, les codes d'honneur et la moralité.
Plusieurs documentaires ont également été réalisés sur ce mouvement, la marque de boissons Guinness réalisant également ce fascinant court-métrage sur le sujet.
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